Sibylle
Bullied bully*
*en français:
intimidateur intimidé
Debout au milieu de la foule
Le poing levé
Je me bats aux côtés des autres
Femmes
Nous demandons qu’on nous écoute !
Nous demandons une réponse !
Nous demandons des réponses !
Nous demandons justice !
Nous demandons d’être considérées !
Nous demandons encore une fois,
une énième fois !...
à ce gouvernement, de ne pas fermer les yeux
à la révolte qui gronde sous les pavées !
debout au milieu de la foule
masque sur le nez
presque heureuse d’être caché pour crier
parce que je suis timide
je hurle notre peine à tous
celle de l’intimidation
celle de l’humiliation
celle de la honte
encore une fois
de la domination du sexe masculin
sur notre sexe « faible » à nous
femmes
qui au XXIe siècle,
ne cessons de rester debout
à l'affut
debout au milieu de cette foule
je m’interroge
pourquoi est-ce que je me sens tant en sécurité ?
la réponse est assez limpide
parce qu’autour de moi
le poing levé
la rage au cœur
ce ne sont pratiquement que des femmes
et les hommes présents en soutient
eux non plus, ne m’intimident pas
ils me réconfortent, ils me donnent espoir
debout au milieu de cette foule
j’aimerais qu’on nous entende
J’aimerais créer le silence suffisant à ce que nous ne soyons pas encore une fois,
des manifestantes qui hurlent dans le vide
l’écho est trop humiliant.
Debout au milieu de cette foule
Je pense aux grands combats de notre humanité
Je sais que le chemin est long
Je pense à Martin et son discours sur la ségrégation
Et le combat qui dure encore aujourd’hui
Pour lutter contre le racisme
Je pense aux homosexuelles
Trop longtemps rejetés
Ceux assassiné pour leurs orientations
Je pense à Pasolini
Je pense aux révolutions
Je pense à 68
Je pense à ce que nous avons encore à faire
Tant, tant, tant
Je pense à notre combat
De femmes
D’amoureuses
D’amies
De petites filles
De bambines
De travailleuses
De mères
De grand-mères
D’arrière grand mères
De lesbiennes
D’hétérosexuelles
de queer
de bisexuelles
de non genrées
Je pense que c’est bien nous pourtant
Qui avons donné naissance à ceux qui nous trahissent
Et ne nous respecte pas
Je pense aux générations
A ceux qui se sont battues avant nous
Aux féministes
A Sigrid
A L’avortement
A Simone Veil
à nos peines
à nos douleurs
que l’on doit encore cacher
parce que c’est tabou
je pense à mon métier
au fait que la violence faite aux femmes
n’a pas de limite éducative
qu’elle est partout
je pense à cette femme qui vient de porter plainte
contre un homme très reconnu par le milieu
et parce que je suis femme
parce que je suis empathique
parce que je suis surtout et avant tout humaine
je pense aussi aux hommes
ceux qui doivent se comporter en hommes
ceux forcé à être des mâles forts
ceux qu’on élève parfois à être violents
et je leur demande de se comporter en femmes
de donner naissance à la beauté
à la beauté par exemple d’un gouvernement
à la beauté de l’amour entre nous tous
à la beauté de l’exemple que devraient être ceux au pouvoir
à la beauté de ce qui pourrait dessiner une société,
qui prendrait soins les uns des autres
et qui ne tolérerait pas
l’homme
sans moral, sans fondement, sans jugement
je pense à Kant
à la beauté
au sublime
je pense à ce désir d’atteinte de perfection
de notre homo
je pense à la passation par des divinations
je pense à notre désir de procréation
à l’espoir qui réside en chaque naissance
je pense à Nietzsche
à Zarathoustra
je pense à la littérature française
aux femmes
à Simone de Beauvoir
à Virginia Woolf
à Sylvia Plath
à Émilie Brönte
à Hannah Arendt
à l’oppression
aux suicidées
à l’oppression
aux violées
à l’oppression
à ma mère
à ma sœur
mes grand-mères
mes arrières grands-mères
tantes, cousines, sœurs,
cousines éloignées
sœurs de cœur
je pense à l’oppression
à la case
au patriarcat
je pense encore et encore
jusqu’à la première femme sur terre
je pense
je pense que notre instinct
n’a jamais été d’être sous l’emprise de quelconque violence
ou domination masculine
mais bien de protéger, d’aimer, de faire grandir
les hommes et femmes qui nous entourent
ou à qui nous donnons naissance
instinctivement et sans limites de sentiments
je pense que la violence est humaine
je pense qu’elle peut être maîtrisée par une société grandissante
je pense que justice doit être faite
je crois à la paix
je crois à l’amour
je crois à la largeur d’esprit
je crois à l’amour
je ne crois pas au diktat
je ne crois pas à l’humiliation
je ne crois pas à l’intimidation
je ne crois pas à la fausse justice
je ne crois pas à la haine
je veux croire en notre pouvoir de faire bouger
encore
les choses
je veux croire en l’art
en la recherche de paix intérieure
à l’accompagnement
"solidarité
avec
les
femmes
du
monde
entier"
le combat est plus grand
plus grand
énorme
et différent dans chaque pays
nous devons encore
se rassembler
parler
défendre
nos voix
nos voix aigües
stridentes
graves
nos voix en peines
la voix des violées
des touchées
des abusées
des opposées
des brûlées
des salis
des furieuses
des guerrières
on se lève
on reste
on cris
on hurle
on reste
on ne se taira pas
les femmes sont grandes
et fortes
et en nombres
nous sommes des battantes depuis toujours
et naître femme ne doit plus jamais être synonyme de fardeau
j’invite le monde à se battre
contre l’oppression
contre cette humiliation
contre cette honte
qu’on nous impose
d’être gouvernées
par ceux qui nous touchent
sans notre consentement
parce que nous avons un corps de femmes
Et je veux dire encore :
ce sont nos seins
ce sont nos yeux
ce sont notre bouche
ce sont notre vagin
ce sont nos jambes
ce sont nos fesses
ce sont nos rires
ce sont nos cuisses
ce sont nos pieds
ce sont nos oreilles
ce sont notre nez
ce sont nos dents
ce sont notre langue
ce sont notre dos
ce sont nos doigts de pieds
ce sont nos pupilles
ce sont nos sourcils
ce sont nos cheveux
ce sont notre nombril
ce sont nos cils
ce sont nos mains
ce sont notre ventre
ce sont nos veines
ce sont notre sang
ce sont nos os
ce sont nos nerfs
ce sont notre cœur
ce sont notre gorge
qui vous hurle
d’aller vous faire foutre
parce que aujourd’hui
comme hier
et comme demain
les femmes du monde
sont en colères
les femmes du monde
sont debout
et avancent
jours après jours
vers un respect total
absolument total
du consentement
à être pour un homme
objet de désir, d’amour, de tendresse.
Homme que j’aime
Homme que j’ai aimé
Ou que j’aimerais
Ta tendresse a allumé la douceur de mes yeux
Je te prie d’éduquer tes enfants
De sexe féminin ou masculin
A dire non sans honte
A toujours s’inquiéter du désir de l’autre
A prendre soin des hommes autour
Au moins autant qu’une mère prend soin de son propre enfant
Pour toutes les femmes du monde entier.
A tous les hommes du monde entier.