
Sibylle
Quotidienne
Oiseau au plumage décousu,
Je rode déconvenues aux avenus
De notre temps, elles se déguisent
D’être qui s’enivrent
Pas pour la fête, pas pour la joie
Mais pour masquer les vilaines lois
Celle-ci qui nous enferme
Dans nos chaumières ternes
Où les bruits de la nuit
Deviennent morne ennui
Nous cherchons à défaire nos chevelures
Pour que gâteau enfin gonfle en levure
Quelque chose de profond et géant
Qui n’éteint pas nos berceaux
Quelque chose de rond et battant
Qui rallume les radeaux
Médusés, déchus, cherchant le sable
Autruches emboîtent le pas sous les tables
Cachés, effrayés, comme Causette
Dans ce noir nous n’osons plus sortir
Nous fermons les oreilles à la disette
D’amour et de dialogue qui font rire
Où est la poésie, où est la grâce
Où sont nos treillis pour la farce
Au carnaval le costume qui fait fureur
Est celui sinistre cravate de la peur
Il choisit pour nous nos libertés
Il moisit pour nous notre gaieté
Je veux vivre docteur
Au prix de la mort je veux vivre
Je veux amour sans rancœur
Au prix de nos corps sans heures
Pas de pays tuméfié
Pas de fourmis écrasées
Nous sommes les enfants du monde
Pas les marionnettes des pédants
Pas les chansonnettes sans ronde
Les pavés attendent l’heure de sonner
Les rues se rendent à leur sommet
Pour que nous les défendions
A corps et à cœur de lion
Nous sommes vivants
Nous vivons, et encore longtemps
Nous crierons, nous enjamberont
Les faux jetons, les têtes de jambons
Ma violence s’arrête à mes mots
Sans intérêts, qui pourtant ont chaud
Bouillonne là au creux de mon cœur
Frissonne là au milieu de vos erreurs
On a faim
On aura faim
Demain
Après demain
Nous voulons du pain
Pas des promesses de rien