
Sibylle
Wagage
*Limon de rivière, employé comme engrais.
Terre neuve empreinte son fiel
Je rente ma future peine, quand ce ciel
vient hanter mon âme, fantômes
Blanchissants champs et arômes
Nature reprend ses droits
Et avec elle, je suis, moi,
Émerveillée, comme gosse grenouille
Je croasse gourde, roulant mes nouilles
La grâce arrose mon jardin poire
Les animaux ont repris le pouvoir
C’est comme la ferme d’Orwell
Ils ont repris nos pelles
D’un coup de sabot ils gèlent
nos déboires sans nombres
nos peintures immondes
Les eaux noires plastiques
Nos hécatombes tacites
Plus rien n’ombrage le tableau
Les nuages sont redevenus Picasso
Formes informes où nage le génie
Ils coursent la plage et s’abreuvent de sorties
Yeux saillants devant les coups de pinceaux rosis
Bille baisant l’échange Claudien dans l’eau polie
Jusqu’à mes pieds les vagues dansent
Sur mon caillou je perds mes sens
Celle ou l’immensité t’assomme
Et où la densité te somme
De te taire et d’admirer
De ton flaire en faire un jet
De mots
De chauds
De compotés d’abricot
Grand-mère en duo
Musique partout
Jusqu’aux genoux
Mouvements reprennent goûts
Je saute je siffle je pense
Je pause file et danse
Morose gifle une transe
Doses rident mes sens
J’ai compris
Que rien ne naît
sans lit
Que vert, le près,
offre les plus beaux refuges
où nouveaux êtres s’insurgent
De ne rien comprendre
Mais d’apprendre
Chaque jour
L’amour
du temps
des vents
des noms sourds
des calembours
Palpitant mes papilles pauvres
Poussant la pointe des pieds
Pas perdus pour paliers
Purulente peste, palmes, poèmes mauves
Sans couleur pourtant
Sans princes charmants
Cahiers sans armes
Pourtant ma larme
a bien coulé, et lave
cette étendue
Nue
Je montre mon flanc côtes en rang
Mon Sein qui pend vers sexe lent
Mains sans temps les pieds d’antan
bouchent mes yeux d’enfant
Tanguasses éclosent mes dents de devant
Canines absorbent bêtises
Mâcher douce brise m’abreuve
plus que bouteilles et bises
venant former mes leurres
Salade sucrée ananas
Crevettes salées gambas
Viandes sauce salasse
Poissons sans carcasse
Truites ont repris leur guenille
Et riante, je les aperçois
boitant sur plage qui brille
Ils brisent les lois:
Celle de courir
Celle de mourir
Pour des chocolats
Volant les parasols
Manquant de bras
Les clochers s’assomment
Me rappeler
Cela
Débarquement
Casque bas
Les nommer
ces oubliés
encore sous le ciment
Tait sentiments
Pour les fortunés
Pour les gâteaux sauveurs
Pour les galères sœurs
M’en rappeler et tristement
Rire des corps, sûr il eut pleut
Sur sol enfoncé et sableux
Des marées salées normandes
Maintenant, plus rien n’amende
Sinon vide de notre guérison
Sinon oiseaux en élision
J’y pense
j’y pense encore
Sans manche
Mes mains accordent
Une musique ou les violons
Tremblent
Un air ou les cordons
Tanguent
Une corde de cheval limé
Puis ceinturé
Abattue sur les jambons neufs
les femmes toujours keufs,
Qui, sans police
Fondent les nouvelles bleues cuisses
Sous les coups des idiots
Infortunés d’être sots
les encore guerre
brisent les cœurs d’hier
À tous ces perdus, ces oubliés
J’écris des rimes périmées
Déjà tapées
Par les Maupassant, les Mallarmé
Les Baudelaire, les Hugo
Victor, ton nom chaud
Vient me sortir de ma maison fumante
Et Absente
Je cris
Et ris
Et sifflotant
Je prie
Et trie
Mes rimes
Câlines
Pour brisante
Incessante
L’on me chante
Même pantelante
Même absente
Même couchante
Même puante
Merde
Perdre
L’air de
Renâcle pair de
Baffes tendues
Joues fendues
Doux Jésus
Et ses amis crus
Je partage mon pain
Avec mon rien
Avec mon nain
Un ami petit
Un ami riquiqui
qui plie
Mes rires d’hier et de demain
Mes toujours remontrances et mes liens
J’aime les gens qui rustres
Vivent comme des brutes
Et perdent plus le temps
De se toucher latents
Ceux qui se salissent
Ceux dont mains polissent
Les lendemains jamais lisses
Les carmins pétant qui pissent
Les petits kikis
Et les gros cacas
Les mots pipi
Et les gros papas
Ours
Bourse
Tousse
Pouce!
J’espère que tu ris.
Besoin de rimes.
Je vole le riz -
que voisin dîne
Mes billets d’humeurs
donnent parfois peur
Ma voix qui siffle
les oies, oh… incisifs !
Le 24 Avril 2020