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Zonage

 

 

J’ai mal ce soir aux doigts qui courent le papier, la vie.

Je me sens petite,

et mes mots n’ont pas de sens ni

poétique, 

Ni politique, 

Ni philosophique,

pour éclairer un peu plus encore notre grand mystère.

Désespoir amène grands rêves sur terre.

 

Je m’imagine encore un peu aux côtés des cieux,

levant la tête vers le bleu

 Klein, formant nos peintres,

futiles ardeurs là ou les ombres se pendent aux cintres.

 

Quand je crie,

ma poésie assaillit

chaque parcelle de peau

mes yeux coulent mon honneur sot

 à ceux qui pavanent leur greffe de fierté.

Je suis peu fière et ma dignité

 est celle d’une poule mouillée.

 

J’aime le fragile,

les gens qui se courbent,

qui imaginent,

qui sourdent,

inclinant la tête,

qui fouettent l’être.

 

J’aime les savants et je les hais.

J’aime tendre les coeurs et les jeter.

je frotte l’éponge dans l’évier

formulant encore des odeurs de notre place absurde,

j’aime ceux qui puent

et ceux qui louchent

Ceux qui suent

Et ceux qui fourchent.

 

Huitième merveille du monde je taille les petits lutins en de multiples ratés,

pour que de leurs mains maladroites ils créer des jouets défaillants.

 Pour que les enfants s’agrippent au branlant

et en sortent leur plus grande ingéniosité.

 

Démonter la vie c’est comme démonter ma première poupée.

C’est comprendre qu’on nous a moussé les mains pour ne pas se torturer,

c’est comprendre que l’on nous essuie les plaies trop vite,

qu’elles ont le droit d’être ouvertes comme huîtres,

qu’on nous suce la moelle jusqu’au cou,

qu’on nous opprime la glotte du fou, 

 que nos os sont trop fins

pour survivre après-demain.

 

comprendre c’est tomber.

Tomber c’est apprendre.

Apprendre c’est se rendre.

Se rendre c’est faciliter les entrées.

Entrer c’est flinguer les vivants.

Les vivants sont de futurs absents.

Les absents manquent.

Le manque me fouille.

La fouille est longue.

Longue est la vie.

Vie est trop courte.

 Courte robe. Robe léché.

 léchouille mouille.

Mouille rend gaie.

Gaies chantent les piafs.

Piaf est rose.

Rose est l’épine.

L’épine cache le fruit.

Le fruit est nature.

Nature morte trône sur table.

Table fourmille l’ennui.

L’ennui est fleuve.

Fleuve ou passe Ophélie.

Ophélie blanche.

 Blanche sont nos mères.

Mères, femmes derrière Marie.

 Marie court derrière l’étoile.

 

 

Je lève la tête.

Ventre rond.

 

Encore des encriers et encore des mots.

encore des touches et encore des écrans noires.

Pour me défaire des râles. La grève s’étend.

Nature prend naufrage. Naufrage me rallume flamme.

 

J’aime le temps qui passe.

 

Et emporte avec moi tous mes rires d’enfants.

 

 

 

                                                   8  Avril 2020

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