Sibylle
Etalonnage
Un monde de rouille
Intimement se berce comme des vagues
invisibles, des enveloppes foudroyantes
Que je ne saurais chasser / J’ai à
Cœur de comprendre et d’inventer
une autre société, pour écarter la
Nôtre et déjouer la note de notre
Difformité /
Que se passerait-il au-delà d’un vent
Que je pousserais, docile dans un contre,
Courant le temps ?
Je persiste à écrire alors que mes mots blêmes
se révèrent à être des poèmes
Coupés au couteau puis à table
Forcée, je fourche, aiguise, féminise mon câble,
Ma langue, avant de lui laisser libre
Cours et arbitre, lui siffle en rythme,
S’arrêter de rimer, pour que
la métaphore d’ores et déjà
cordages étirés se laissent aller
dans l’informe puis l’unité /
En 1996 né d’un père et d’une mère
Je hurle mon premier poème.
Je crie sans voyelles ni syllabes
Impuissance déjà ressentie
Puisque le cordon étouffe
mon tout premier souffle /
Jaune canard dans un monde poule
J’observe quelques jours sous une lampe
dont je ne me détacherai plus
puisque le soleil et les bougies
Rythment la gaieté de mes nuits /
Encore des étoiles là-haut
Toujours les mêmes
Se souviennent de ma première nuit
Et quand parfois mon cœur saigne
Je lève ma tête et cherche un ami /
Les astres veillent toujours dans les cieux profonds,
Mais, malheureuses dans les brumes de Paris.
J’ai mal aux bruits d’entendre leur absence /
Je ris de moi puis note sans sens
mon incompréhension de notre perte
Comme animaux affamés guettent,
dans le fond de mon cœur je vous jette //
Le 24 Mars 2020