Sibylle
Façonnage
PICASSO
C’est une femme au rictus grave, à l’accent graille,
à la fossette enfoncée dans une joue d’émail,
où chaque pore joue à décrire le temps qui passe;
Elle n’hésite pas à parfois rire, mais lasse,
lance toujours ses yeux profonds et noirs
chaussant la cavité morne d’un soir
Elle a le cœur qui jouit pourtant
en observant les vivants,
Ses faiblesses valent sa force
qui règne sur son être frêle,
À l’école on lui apprend des règles
Comme « le masculin l’emporte sur son sexe faible »
Sa bouche est une pirogue où voguent les pluies
les jours trop grands, enfermant la poésie;
Boue décourage sa rage sans marge
Buvant son café en dépannage
Bullant le noir cafard dans l’océan bleu
Buvard récolte ses plus belles dorures
Brûlant le rythme, ses pas fermentent ses yeux,
Bavarde elle grave ses plaisirs purs
Baver c’est bien pour le travail dur
Bravant elle renonce au BIPcide
Belle de ses choix infanticides
L’espoir la presse à entrainer Fantine
Fiction mélancolique d’Hugo sans l’centime
Poussant ses cheveux par centimètre
Pour les remettre sous terre si elle s’arrête
Remettre le graal en la figure d’une esclave
La mener loin du sentier glacial
Où le pôle nord traverse un carnaval
Casanière et carnassière, je bute
Sans nom pour qu’on salue ma lutte
Qui de mes « moi » gagnera le bail
De médiocrement accepter médaille ?
J’ai trop de peau pour voir mes os,
Je déboite mon torse quand c’est la pause,
Mon dos retors amorce une danse
Je n’ai pas le temps pour ce genre de réjouissance !
Robinson gobe encore les bourdons
Moi je clame un sourire à chaque boulon
Qui des oiseaux permettent leurs sifflements
Qui des étangs permettent leurs croassements
J’ai peur le soir, les chauves-souris font les malignes
Pour palier solitude je page des lignes
Distraitement je grave ma roche
Quand dans mes poches fondent les cloches
Prenez ma rage, partagez-là,
Arythmie bile mes froides pages,
Poésie crâne les chauves sages,
Rien à foutre, je hurle, LA LA LA
Mars 2020