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Gardiennage

d’un geôlier

 

Âme - morte 

 

1

 

En mal d’amour, mon cœur saigne

Mon âme sourde est une plaine

Comment pouvoir offrir mon corps

À un sentiment confronté aux accords

D’un homme qui pourrait comprendre

Que toute ma plume veut apprendre

Que je suis prise dans mon labeur

Que, sans celui-ci mon cerveau meurt ?

 

Je suis une fourmi en balade

Qui sur sa carapace malade

Transporte les maux ivres et blafards

Transpose les mots vagues que l’on phare

Des humains aux corsets trop serrés

Où le souffle ne sait plus errer

 

L’on m’oblige à m’absoudre

Pourtant comme une gourde

Qui offrira son temps à visionner

Ma trop incomplète gravure

Dans ce monde perdu à se contempler

Où mon chaos bel et bien mûr

Intéresse seulement des blocs de murs.

 

Occupée à caresser ma destinée

Qui sera bientôt dévoilée

À un monde en manque de nouveauté

Nouvel être qui se tait

Abrupte vache que l’on traie

Je sors mon meilleur lait

Et en douceur admets

Mon échec cuisant

Face aux puissants

Qui, étonnés, me rient au nez

 

 

La musique aux instruments

Dans le vent, est meilleure que ma tordante

dissolution, qui cadavre hante

Les chapiteaux, les scènes, et les frigos

 

 

Fraîche comme une glace

Je lèche le glaçage

De mon gâteau luisant

Sacré et sucré, sauvant

Mon amour-propre

En quelques sortes

 

J’aime mon être

À la peau frêle, translucide

Qui sans une miette

Avale et vomit sa poésie facile

 

Amen aux dieux tout puissants

Alléluia dans vos cœurs de perdants

Courez encore sans étoiles dans le ciel

La nature vengera votre rare miel

 

Et vaincus nous saurons nous taire

Quand le mal sera sur la terre entière !

 

                                                 Billie

 

 

 

 2

 

Alors maquillant ma tristesse

D’une plume qui survient à être

J’ai la mort qui me colle au corps

Et admirable je la porte

 

Comme une rose ou un dessin

Qui d’un enfant éclot et peint

Une lumière sans obscurité

Là où le cœur gai

S'émerveille jour après jour

D’avoir comme but l’amour

 

Le monde est beau à qui le choisit

Les larmes sont belles accueillies ou recueillies

Ce sont les divines prophéties

Annonçant un lendemain maître de poésies

 

Calquant mes brusques sucres

Je crois à l’aimable truc

Qui fait qu’on vit comme roses se fanent

À la lueur de quelques jours, quelques âmes

Quelques heures, quelques secondes, et oui il faut se forcer  

À ne pas s’endormir dans un confort léché

Par quelques grandes facilités

 

Moi je veux ce que j’aime

Et criant sans pareil,

Je lutte à ne pas décevoir

A promener mon espoir

Jusque dans ses yeux

Plongeant dans l’océan bleu.

 

 

 

3

 

Écrivant et décrivant mon rite

J’apprends encore aux hypocrites

À lâcher la main aux rôles qui bruitent

La fausseté portée au cœur

Pour ne pas dévoiler leurs leurres.

Chacun est maître de son destin

Monte son chapiteau de demain

Pend le cap vers son âme

Et s’agite comme des palmes

 

Pâle est l’envie de se regarder

Alors que l’oubli peut percer.

J’ai vu des faussetés recommandées

Par des ratons en manque de briques

Le ciment n’a pas pris, c’est le hic

Faut les bons cailloux, fondre le bon sable

Pour, sans anicroche, construire l’étable

Que notre sauveur accueillera

En attendant pieds qui ratent des lois

 

On écorche nos souffles en les brûlant

Au four gastrique des pots puants

À quand la sonde tonitruante

De nos espaces ou passe l’amante

De notre guerre qui grâce fuit

De notre perte de vin cuit

 

Gâteau malsain en manque de chien

J’aboie ma rage qui hurle les liens

Les liens du cœur, les liens du corps

Les profondeurs et les maisons

Ouvrez votre perte à la raison

Je vous jure que l’être connaît la mort

Alors pourquoi la provoquer vivante

Puisqu’on attend notre dividende ?

 

Sans visa de secours, sans passeport trop court,

Le monde fuit et moi je reste

Là où mon adresse est née et empeste

Parfois l’eau lave les douleurs

Et de mes mots je les colore

Sur la noirceur brunit le rideau

Rouge vermeille se ferme veillant le beau

Merveille bleuit l’amour sourd.

 

 

                                                      Mars 2020

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